Le tribunal de Paris a été victime d’une cyberattaque en envoyant de faux courriels à plusieurs juges et avocats, dont certains sont associés à des affaires très sensibles. Une première enquête remise aux services de renseignement internes a été ouverte pour déterminer les causes de l’incident et ses auteurs.
Le tribunal de Paris a été victime d’une attaque informatique, révèle le Journal du Dimanche (JDD) le 6 septembre. Une première enquête sur les «attaques contre des systèmes automatisés de traitement de données contenant des données à caractère personnel mis en œuvre par l’État» a été ouverte pour déterminer les causes de l’incident et ses auteurs. Il a été remis à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), chef du renseignement français, compte tenu de la sensibilité de l’affaire.
Cette institution judiciaire est composée de quatre unités: le siège, le parquet de Paris, le parquet national (PNF) et le parquet national contre le terrorisme. C’est la juridiction qui traite la plupart des affaires en France, dont certaines sont très sensibles comme l’affaire Sarkozy-Kadhafi.
ENVOYER DE FAUX EMAILS
Cette cyberattaque consistait à envoyer de faux courriels à plusieurs juges et avocats. Pierre Cornut-Gentille et Jean-Marc Delas, avocats en droit pénal des affaires, ont reçu des messages sous forme d’échanges entre les deux collègues ou entre les cabinets des cabinets. Pierre Cornut-Gentille a été prévenu par « la fausse adresse ». Méfiant, l’avocat a décidé de « ne pas cliquer ». «Du coup je n’ai pas été joint, comme l’a confirmé mon informaticien», raconte-t-il. De son côté, Jean-Marc Delas a vu que son activité avait été fortement perturbée par l’attaque suite à l’ouverture d’un mail contaminé. «En fin de compte, je me suis retrouvé dans une situation où je n’avais plus accès à mon ordinateur», explique-t-il.
Aude Buresi, juge d’instruction à la place financière responsable du financement illégal de l’ancienne affaire ONU et Kerviel, a également été victime de l’attaque. Elle a dû revoir le calendrier de ses examens. Les invocations d’il y a plusieurs semaines ont été reportées. Selon des sources judiciaires, elle n’est pas la seule juge à avoir payé le prix de cet incident. Rémy Heitz, le procureur de la République, a également été visé. Il estime que le piratage informatique doit être pris très au sérieux en ce qui concerne les personnes concernées et les données potentiellement volées par les cybercriminels.
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Mais selon Le Figaro, cette cyberattaque ne se limite pas au tribunal de Paris. Dimanche après-midi, le ministère de l’Intérieur a déclaré qu’il était « actuellement victime d’une campagne d’attaques de courrier ». Il a bloqué la réception par email des fichiers au format .doc « pour éviter les risques de contamination ». Il est impossible de savoir pour le moment si les deux attaques sont liées.
Le Tribunal de Paris vient s’ajouter à la longue liste des organisations victimes d’une cyberattaque. Côté public on retrouve le conseil de quartier d’Eure-et-Loir, le CHU de Rouen, l’Agence nationale de l’éducation des adultes (Afpa), les services administratifs du Grand Est, le groupe AP-HP … Quant aux entreprises privées, Bouygues Construction victime d’un ransomware ainsi que de la filiale «Transport et logistique» du groupe Bolloré. Et cette tendance est partagée par la plupart des États du monde. Aux États-Unis, pas moins de 50 collectivités locales ont été touchées par un incident de sécurité depuis janvier 2020. LIEN